Dans
la CUB, la ville de Bordeaux occupe un poids relatif. Prenons un peu de
distance avec le débat des élections municipales. Partons en quête d’exotisme,
à la recherche de la ville théâtre de représentations en tout genre au
quotidien. La Plage ne désemplit pas ; combien de temps
encore pourrons-nous bronzer sous la lumière des stroboscopes ? ...
Jusqu’au petit matin et, déjà les grues frémissent à l’arrivée du jour.
Paludate s’éteint, le marché s’allume, nous reviendrons demain.
Ce
drôle de rythme à Belcier, fait-il que les habitants ne se soucieraient pas des
projets urbains appelés par l’arrivée de la LGV? Sont-ils lassés, blasés,
fatigués, mal réveillés ? Nous considérons souvent le temps du
projet sur la ville comme insaisissable car inévitablement long, comment les
habitants de ce quartier se projettent-ils dans l’avenir ?
BAOBAB
propose une sorte d’archéologie préventive et sensible, nourrie pas la parole
des habitants d’un quartier dont les transformations s’annoncent
lourdes. Il est question pour les années à venir d’une extension de la
gare, d’un nouveau pont sur la Garonne, d'un autre sur les rails, de la MECA,
d' une Cité Numérique soit d’ici 2020, 340 000m² de plancher à construire
ce qui représente une cinquantaine de terrains de football !
Au-delà
des chiffres, évoquer ensemble ces changements révèle plusieurs enjeux. D'abord
un enjeu politique, ce quartier est l’objet d’attentions convergentes de la
part de (quasiment) tous les échelons administratifs. Un enjeu social, dans la
mesure où le phénomène de gentrification - éloignement des plus vulnérables -
ne manquera pas d’apparaître. Ensuite un enjeu spatial, pour une métropole qui
se construit une porte d’entrée à l’échelle de ses ambitions. Enfin un enjeu
d’architecture, dans une ville qui passe son temps à regarder la courbe de son
fleuve et les lignes de ses rives.
Mais
avant tout, BAOBAB y voit un enjeu démocratique. Le projet urbain s’en fait
l’écho. S’il est souvent question de « faire la ville sur la ville »,
quel est l’avenir de la ville actuelle ? Comment rendre le quartier à
venir compatible avec la permanence et l’enrichissement de son identité ?
Comment construire la ville à partir des pratiques habitantes et non pas à
partir de l’idée que l’on s’en fait ?
Le
débat portera sur la possibilité de concilier les pratiques quotidiennes, bien
réelles, avec l’image prétendument réalisable du quartier projeté. Avec
optimisme et bonne humeur, nous interrogerons la place donnée aux habitants et
à leurs représentants dans les processus en cours. En préalable, BAOBAB
s’emploie à montrer les visages d’un quartier entre nuit et jour, entre polis
et polissons, entre centre et périphérie, et qui sans complexe nous
séduit.