La démolition a toujours été une intervention lourde, aujourd’hui elle est aussi devenue un geste technique codé et planifié. Le premier acte du processus consiste en une déconstruction du bâtiment. Les cloisons sont déposées, les gravats évacués, le câblage électrique et le réseau de plomberie sont retirés. Le bâtiment est mis à nu, ne reste alors que l’ossature principale. Plusieurs techniques sont alors employées pour accomplir l’acte de démolition.
La démolition est aujourd’hui un geste chirurgical lorsqu’il
s’agit de découper avec une scie circulaire d’un diamètre important une
construction dont on ne veut conserver qu’une partie. Elle revêtait autrefois
une dimension ludique lorsqu’un boulet pendu à l’extrémité d’un filin
métallique venait heurter un bâtiment de façon répétée. Un métronome géant qui
venait sonner la fin de vie d’un ouvrage.
Un bâtiment a aujourd’hui une durée de vie mécanique de 50
ans. Il n’est pas dit qu’il s’écroule au-delà de ce délai, il ne s’agit pas
d’une date d’expiration. Mais, il convient néanmoins d’en repenser
l’utilisation voir d’en proposer un rafraîchissement ou une réhabilitation plus
lourde (de bon ton aujourd’hui).
Mais tout ne peut pas être réutilisé / reconverti /
réhabilité. Il est normal et sain de démolir pour laisser place à des ouvrages
plus récents et plus adaptés usages et à normes contemporaines. Beaucoup de
déchets sont recyclés certains serviront de matériaux de remblai pour d’autres
chantiers, un cycle se crée. La démolition a aussi une valeur de construction.
Enfin, le bâtiment démoli ou le quartier rasé subsiste
toujours dans la mémoire collective. Ainsi les données immatérielles ou matérielles,
les photos, écrits prolongent un peu leur existence; comme dans le cas du vieux
Mériadeck ou des anciennes halles Baltard en lieu et place de l’actuel
« trou des halles » qui n’aura pas réussi à avaler la mémoire du
lieu.
Margaux Rodot