dimanche 16 mars 2014

Comment démolir ?


La démolition a toujours été une intervention lourde, aujourd’hui elle est aussi devenue un geste technique codé et planifié. Le premier acte du processus consiste en une déconstruction du bâtiment. Les  cloisons sont déposées, les gravats évacués, le câblage électrique et le réseau de plomberie sont retirés. Le bâtiment est mis à nu, ne reste alors que l’ossature principale. Plusieurs techniques sont alors employées pour accomplir l’acte de démolition.

La démolition est aujourd’hui un geste chirurgical lorsqu’il s’agit de découper avec une scie circulaire d’un diamètre important une construction dont on ne veut conserver qu’une partie. Elle revêtait autrefois une dimension ludique lorsqu’un boulet pendu à l’extrémité d’un filin métallique venait heurter un bâtiment de façon répétée. Un métronome géant qui venait sonner la fin de vie d’un ouvrage.

Un bâtiment a aujourd’hui une durée de vie mécanique de 50 ans. Il n’est pas dit qu’il s’écroule au-delà de ce délai, il ne s’agit pas d’une date d’expiration. Mais, il convient néanmoins d’en repenser l’utilisation voir d’en proposer un rafraîchissement ou une réhabilitation plus lourde (de bon ton aujourd’hui).

Mais tout ne peut pas être réutilisé / reconverti / réhabilité. Il est normal et sain de démolir pour laisser place à des ouvrages plus récents et plus adaptés usages et à normes contemporaines. Beaucoup de déchets sont recyclés certains serviront de matériaux de remblai pour d’autres chantiers, un cycle se crée. La démolition a aussi une valeur de construction.

Enfin, le bâtiment démoli ou le quartier rasé subsiste toujours dans la mémoire collective. Ainsi les données immatérielles ou matérielles, les photos, écrits prolongent un peu leur existence; comme dans le cas du vieux Mériadeck ou des anciennes halles Baltard en lieu et place de l’actuel « trou des halles » qui n’aura pas réussi à avaler la mémoire du lieu.

Margaux Rodot