vendredi 1 novembre 2013

"Le Vietnam, ancienne colonie française"



Résistance d’un peuple

Je vais d’abord vous présenter ce qu’est la revendication, à travers l’espace public, au Vietnam. Au delà de la revendication, je parlerai plus exactement de résistance d’un peuple. Depuis plusieurs décennies, il résiste à des occupations, un régime politique communiste, des conflits, mais a démontré un véritable attachement à son identité et sa culture.
Comparé à leurs voisins géographiques, c’est quand même un pays où il y a de l’éducation, pas d’enfants dans la rue, de la pauvreté mais pas de misère. Certes, il y a de la censure, pas de liberté de presse ou d’artistes pour s’exprimer, mais je ne pense pas que ce soit les mêmes problématiques que chez nous. Les priorités sont différentes.






Ho chi min ville, occupation populaire de l’espace public

Il y a cette contradiction entre un gouvernement communiste et un développement du pays complètement capitaliste. Des buildings commencent à émerger de la ville, un peu comme on peut voir dans les grandes mégalopoles asiatiques à Bangkok, Hong Kong. Appartenant pour la plus part à des grandes firmes, ils sont de plus en plus hauts et font de plus en plus l’objet de spéculations. Aujourd’hui le modèle dominant est celui d’un urbanisme « à l’occidentale », basé sur le modèle américain, empreint au sol par une occupation typiquement asiatique : échoppes, marchés clandestins, temples « sauvages », flots urbains des deux roues. De manière contradictoire, le rapport au sol, lui est différent, du fait que ce soit un état communiste, le sol appartient à l’état, au peuple.
L’espace public au Vietnam a profondément été marqué par une succession d’occupations et de régimes : chinoise, française, communiste. L’identité architecturale de ce pays est donc un mixe de ces occupations, une réinterprétation populaire. Aussi, la revendication se situe plutôt du côté de la colonisation du sol par le peuple, de l’espace urbain, dans son quotidien et ses besoins. La vie se passe dans la rue. Ce peuple n’a plus besoin de revendiquer, après plus de cent années successives d’occupations et de guerres, il veut se tourner vers son développement économique. Pour moi la revendication comme on l’entend en Europe était plutôt il y a 20-30 ans.
Aujourd’hui l’Asie a envie d’aller vers quelque chose de beaucoup plus léger, visible notamment au travers de son espace urbain souvent ludique, voir enfantin, comme un désir d’aller vers un futur heureux.


Emilie Dartois, architecte membre du collectif BANDAPAR