Présentation brève des missions du CAUE:
Le C.A.U.E. (Conseil
d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement)est une association qui
intervient gratuitement sur 4 volets : le conseil aux collectivités, le
conseil aux particuliers, la formation des élus, techniciens des collectivités
et professionnels du cadre de vie et enfin, la sensibilisation du grand public
avec un volet spécifique « pédagogie jeune public » (en milieu
scolaire).
La vision et
l’appréhension du milieu rural au C.A.U.E.
La
problématique du milieu rural se situe au cœur de l’action du C.A.U.E., les
communes étant généralement dépourvues d’ingénierie en interne dans ces zones.
Quelle
définition de la ruralité ? Notre approche veut dépasser les
oppositions : la campagne n’est pas le négatif de la ville ni seulement
une réserve foncière, elle est aussi et surtout un territoire de projet et de
ressources. Nous préférerons la notion de « milieu » plutôt que
l’opposition systématique « rural/urbain ». Enfin, nous constatons
une grande mobilité dans ces territoires.
En Gironde,
l’attractivité vers le rural présente deux facettes : l’une est positive,
avec la recherche d’un cadre de vie par des urbains qui génèrent de nouveaux
comportements (exigence de services et d’équipements). L’autre est négative
puisque le choix de la ruralité est « subi », conséquence de la
pression foncière sur la grande ville. Les communes témoignent alors d’une
absorption non choisie de l’hémorragie de l’agglomération bordelaise.
N’oublions pas que notre département prévoit un accueil de 15 000 habitants par
an soit l’équivalent d’une ville comme Blanquefort.
Deux
exemples de dynamiques rurales innovantes : zoom sur la démarche de projet
Deux
communes du Sud Gironde ont choisi une démarche innovante :
·
Bernos
Beaulac : 1 100 habitants projette un « écoquartier rural » sur
une surface importante de 7 hectares, dont l’aménagement est prévu en plusieurs
étapes bien évidemment.
·
Auros :
1 000 habitants, développe un nouveau quartier en cœur de bourg, dans une dent
creuse sur 10 hectares, en plusieurs tranches là encore avec la possibilité
d’adaptation du plan selon la progression d’implantation des constructions.
Plus que le
résultat en termes de formes urbaines ou d’écriture d’un plan de quartier,
c’est bien la démarche qui est intéressante à souligner, et ce, sur
plusieurs aspects :
·
Tout
d‘abord, ces deux communes font preuve d’un portage politique et d’une
implication des élus très importants en termes de temps et d’engagement auprès
des habitants. De plus, le foncier est communal dans les deux cas, ce
qui donne une plus grande viabilité et maîtrise du projet. L’une des
difficultés relatées par les élus est bien de faire aboutir un projet en
gardant toute sa cohérence et son ambition initiales.
·
Une
réelle concertation est mise en place avec un groupe de travail dénommé
«comité des riverains » comme à Auros. Les élus se confrontent
régulièrement à leurs administrés.
·
Ensuite
les programmes proposent une variété permettant de toucher plusieurs
familles de candidats : à Bernos Beaulac, le projet prévoit une mixité
intergénérationnelle et sociale avec une villa d’accueillants familiaux
pour personnes âgées (maisonnées), de l’habitat coopératif, des logements
locatifs pour accueillir jeunes, familles, retraités, « de la classe
moyenne à très sociale » et enfin des lots à bâtir. De même, dans cette
logique d’éventail, les tailles de parcelles proposées vont de 300 à 1 500 m².
·
Enfin,
les programmes retenus prévoient un phasage avec une malléabilité
possible dans les tranches ultérieures.
Le rôle du C.A.U.E. dans ces
démarches consiste à accompagner les communes en amont dans la programmation,
en élargissant le regard et apportant d’autres références. Il aide à décrypter,
se nourrir, se poser des questions plus que de donner des réponses toutes
faites. Il s’agit bien de permettre de construire les conditions d’une démarche
de projet et de passer de la stratégie à l’action.
A noter le
blog du CAUE41
« http://www. habiter la campagne au XXIème siècle.fr » :
Il présente
un arbre interactif restituant le travail d’ateliers avec des habitants, des
membres de deux conseils de développement et des élus locaux pour renouveler
les représentations de la ruralité et travailler sur une question prospective
simple : comment habiterons-nous demain les campagnes ? Il y est
question de maison, services, mobilité, voisinage, pauvreté, diverses
innovations attestées ou imaginées, etc…
Elodie
Vouillon, architecte et urbaniste, directrice du CAUE