jeudi 16 janvier 2014

« Au pays des Soviets » - Expomobil quartier Saint-Michel - Etape n°02 Le New Boudoir




Quelles sont les icônes du quartier Saint-Michel ? Sa place ou son église ? Son marché ? Sa culture ? Ses cultures ? L’exposition nommée «Au Pays des Soviets» voyage dans des lieux populaires du quartier Saint Michel à Bordeaux. Se mettant en contraste, elle élabore une réflexion photographique qui trouve sa source dans la société et l’architecture de l’ex URSS. Malgré la différence d’échelles, de cultures, nous vous invitons à réfléchir sur la question de symbole, d’identité et de patrimoine.



Qu’est-ce que l’architecture soviétique ? Loin d’être un courant uniforme dans le temps et dans l’espace, c’est à la fois une architecture de la révolution, de la répression et de la Perestroïka. L’architecture de l’ex URSS a été fortement conditionnée par son contexte historique et politique.

Suivant le fil de l’histoire du bloc soviétique, trois grandes périodes architecturales peuvent être distinguées. La première période est celle du constructivisme russe. Il s’agit alors d’inventer un nouveau cadre de vie reposant sur un constructivisme social et esthétique en phase avec l’idéologie bolchevique, née de la Révolution de 1917. Pour les constructivistes le volume a toujours constitué le véhicule expressif de la vie interne du bâtiment. Dans ce contexte, une nouvelle école est fondée en 1920 sur décret de Lénine, il s’agit de l’école Vhutemas. Des relations fortes sont établies entre cette école, le Bauhaus et le CIAM* dans le cadre du développement du style international, en réaction à l’académisme et la tradition.

Des années 1930 à 1950, la seconde période « Stalinsky Ampir »** est caractérisée par le monumentalisme et l’omniprésence de décoration. Plusieurs bâtiments permettent d’illustrer la faible part de créativité laissée aux architectes sous le régime de Staline. Ce qui est le plus frappant c’est le retour en arrière qui s’opère par rapport au mouvement constructiviste. Le dictateur soutient l’idée qu’un modèle architectural et urbain puisse s’appliquer à toute la ville sans prendre en compte les réflexions et les recherches des avant-gardistes.

Après le dégel des relations entre les deux blocs, les années 1970 sont la période de la course aux étoiles. De nouvelles techniques constructives permettent d’alléger les structures et de pousser plus loin les idées de fluidité et de continuité de l’espace que cristallise cette course vers le progrès. La production d’une série d’édifices publics ont été l’occasion de véritables prouesses architecturales de béton. Le seul imaginaire qui soit alors admis est lié à la conquête de l’espace.

Suivant leur volonté progressiste, d’ouverture ou au contraire de fermeture les différents dirigeants soviétiques ont soit libéré soit limité la création architecturale. Le mouvement constructiviste a pu pleinement expérimenter une approche dynamique de l’architecture, porté par la responsabilité de bâtir une société nouvelle. Il ressort de ces différentes périodes un travail plastique original associant masse, volume et symbolisme et qui a profondément marqué la culture architecturale des pays de l’ex URSS.


* congrès international d’architecture moderne
** empire de Staline


Kateryna Bokatova Vincent, architecte DE HMONP, ukrainienne et juste passionnée par les contrastes en architecture, membre de SuperArchis.

Margaux Rodot, architecte DE, poitevine et juste passionnée par l’architecture mais pas seulement par l'architecture, membre de BAOBAB.