«Vous aimez la liberté, elle habite à la campagne.»
Andrés de Jesús María y José Bello López (1781-1865)
Ecrivain – Philosophe – Humaniste Vénézuélien
Longtemps
délaissé puis abandonné, parfois oublié ou réduit à une image attendrie
et romantique, l’espace rural n’occupe plus l’attention qu’il mérite.
Cultiver, manger, respirer, est perçu comme de plus en plus éloigné de
l’idée d’un espace Habité.
Et nous assistons à un véritable paradoxe, qui fait que malgré
l’importance économique et culturelle de ces espaces, ils se retrouvent
en danger face aux politiques publiques et aux besoins contemporains.
Est-ce à penser que ces territoires n’offrent désormais plus de place
pour la projection d’un avenir attractif et proche de nos préoccupations
consuméristes qu’Henri Lefèvre a décrit comme « société urbaine » ?
Pourtant, la Terre a
depuis toujours une valeur (d’usage, d’échange, …) extrêmement
précieuse. La possession de terres et de richesses agricoles ont façonné
la plupart des structures sociales, économiques et parfois même
architecturales à des époques où la prospérité économique était
davantage adossée aux productions agricoles.
Bousculé
par des crises identitaires, et en particulier par la quasi disparition
de la figure du paysan, l’intérêt pour la campagne se réveille sous le
coup de prises de conscience collectives liées à la « malbouffe », à la
pollution de l’air, au manque de logements, à l’accès à l’information, à
la recherche d’identité … autant de problématiques habituellement liées
à l’espace et aux modes de vie urbains. Ce débat sur la Campagne apparait donc comme nécessaire, au-delà des différences de point de vue, car les questions soulevées nous concernent tous.
Pourquoi retourner à la campagne ?
Qu’est ce que cela implique ? Que cherchent les néo-ruraux ? Qui
sont-ils ? Pourquoi rester ? Pourquoi y retourner ? Qu’y trouver ? Qu’y
apporter de plus, de nouveau ?
Quelle peut-être la place pour la campagne dans un environnement ultra urbain attractif ? Comment maintenir une façon de vivre désormais en péril ? Pourquoi maintenir et renforcer le caractère rural ?
Quelles sont les dynamiques rurales ? Quels sont les enjeux de ces espaces ruraux ? Quelles dynamiques pour quels espaces ? Peut-on encore vivre dans nos campagnes ?
A
l’image du contexte sociétal actuel; inégale, brutalisée ou tout
simplement oubliée, la campagne n’est ni un espace banal ni un grand
terrain vague à la sortie des villes. La superficie des espaces non
urbains reste largement supérieure aux espaces confinés des
agglomérations. Et s’il semble inutile de le préciser, rappelons qu’il
existe des villes dans la campagne et non pas l’inverse, situation que
certains d’entre nous ne perçoivent pas toujours…
Le
but du débat n’est pas de comparer ville et campagne mais de questionner
notre rapport à cet espace essentiel, avec lequel notre espèce
entretient une relation à la limite du passionnel, entretenue par un Imaginaire
souvent bien loin des situations effectives. L’Homme n’a de cesse,
entre fusion, abandon ou maltraitance, de cultiver cet infime intervalle
entre besoins, envies et rejets de l’espace rural. Il abandonne alors
parfois toutes exigences qualitatives au dépend du respect de son propre
espace vital.
Ces pratiques localement irrespectueuses, puisque
méconnues et impropres à l’environnement rural entraînent la destruction
d’un espace social lié au monde rural.
Un constat
s’impose : on ne peut pas construire ou appliquer les mêmes principes
d’urbanité à la campagne et à ville. Si cette dernière peut absorber
toutes constructions ou principes urbains plus ou moins en cohérence
avec l’existant, la délicatesse et la fragilité des espaces ruraux ne
peuvent s’accommoder de n’importe quelle destruction/ construction. Un Paysage,
une route, une maison « d’architecte » peuvent, tout comme n’importe
quel pavillon, détruire un morceau de campagne s’ils ne s’inscrivent pas
dans une logique rurale.
A l’heure où la problématique
de « cultiver son jardin » revient au goût du jour, dans un esprit de
résistance face aux impératifs urbains, l’Association BAOBAB choisi de
réunir différents points de vue pour prendre une photographie de la
campagne d’aujourd’hui, de son avenir et du maintien d’espaces Ruraux dont nous sous-estimons parfois le potentiel, mais auxquels nous sommes indéniablement liés.
BAOBAB
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