mercredi 10 avril 2013

Précieuses Ruralités: fabriquer la campagne aujourd'hui

«Vous aimez la liberté, elle habite à la campagne.»
Andrés de Jesús María y José Bello López (1781-1865)
Ecrivain – Philosophe – Humaniste Vénézuélien



Longtemps délaissé puis abandonné, parfois oublié ou réduit à une image attendrie et romantique, l’espace rural n’occupe plus l’attention qu’il mérite. Cultiver, manger, respirer, est perçu comme de plus en plus éloigné de l’idée d’un espace Habité. Et nous assistons à un véritable paradoxe, qui fait que malgré l’importance économique et culturelle de ces espaces, ils se retrouvent en danger face aux politiques publiques et aux besoins contemporains. Est-ce à penser que ces territoires n’offrent désormais plus de place pour la projection d’un avenir attractif et proche de nos préoccupations consuméristes qu’Henri Lefèvre a décrit comme « société urbaine » ?

Pourtant, la Terre a depuis toujours une valeur (d’usage, d’échange, …) extrêmement précieuse. La possession de terres et de richesses agricoles ont façonné la plupart des structures sociales, économiques et parfois même architecturales à des époques où la prospérité économique était davantage adossée aux productions agricoles.

Bousculé par des crises identitaires, et en particulier par la quasi disparition de la figure du paysan, l’intérêt pour la campagne se réveille sous le coup de prises de conscience collectives liées à la « malbouffe », à la pollution de l’air, au manque de logements, à l’accès à l’information, à la recherche d’identité … autant de problématiques habituellement liées à l’espace et aux modes de vie urbains. Ce débat sur la Campagne apparait donc comme nécessaire, au-delà des différences de point de vue, car les questions soulevées nous concernent tous.

Pourquoi retourner à la campagne ? Qu’est ce que cela implique ? Que cherchent les néo-ruraux ? Qui sont-ils ? Pourquoi rester ? Pourquoi y retourner ? Qu’y trouver ? Qu’y apporter de plus, de nouveau ?
Quelle peut-être la place pour la campagne dans un environnement ultra urbain attractif ? Comment maintenir une façon de vivre désormais en péril ? Pourquoi maintenir et renforcer le caractère rural ?
Quelles sont les dynamiques rurales ? Quels sont les enjeux de ces espaces ruraux ? Quelles dynamiques pour quels espaces ? Peut-on encore vivre dans nos campagnes ?

A l’image du contexte sociétal actuel; inégale, brutalisée ou tout simplement oubliée, la campagne n’est ni un espace banal ni un grand terrain vague à la sortie des villes. La superficie des espaces non urbains reste largement supérieure aux espaces confinés des agglomérations. Et s’il semble inutile de le préciser, rappelons qu’il existe des villes dans la campagne et non pas l’inverse, situation que certains d’entre nous ne perçoivent pas toujours…

Le but du débat n’est pas de comparer ville et campagne mais de questionner notre rapport à cet espace essentiel, avec lequel notre espèce entretient une relation à la limite du passionnel, entretenue par un Imaginaire souvent bien loin des situations effectives. L’Homme n’a de cesse, entre fusion, abandon ou maltraitance, de cultiver cet infime intervalle entre besoins, envies et rejets de l’espace rural. Il abandonne alors parfois toutes exigences qualitatives au dépend du respect de son propre espace vital.
Ces pratiques localement irrespectueuses, puisque méconnues et impropres à l’environnement rural entraînent la destruction d’un espace social lié au monde rural.

Un constat s’impose : on ne peut pas construire ou appliquer les mêmes principes d’urbanité à la campagne et à ville. Si cette dernière peut absorber toutes constructions ou principes urbains plus ou moins en cohérence avec l’existant, la délicatesse et la fragilité des espaces ruraux ne peuvent s’accommoder de n’importe quelle destruction/ construction. Un Paysage, une route, une maison « d’architecte » peuvent, tout comme n’importe quel pavillon, détruire un morceau de campagne s’ils ne s’inscrivent pas dans une logique rurale.

A l’heure où la problématique de « cultiver son jardin » revient au goût du jour, dans un esprit de résistance face aux impératifs urbains, l’Association BAOBAB choisi de réunir différents points de vue pour prendre une photographie de la campagne d’aujourd’hui, de son avenir et du maintien d’espaces Ruraux dont nous sous-estimons parfois le potentiel, mais auxquels nous sommes indéniablement liés.

BAOBAB

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