mardi 11 décembre 2012

Invitation Bébaobab 03

BAOBAB _ Bibliothèque d'Espace 
a le plaisir de vous convier à la troisième édition des DEBAOBAB

En compagnie de :

Alain Delmas - Responsable CGT Aquitaine
Philippe Barrière - Architecte
Emilie Dartois - Architecte -Co-Fondatrice du collectif Bandapart
Lucile Hugon - Juriste membre de l' IDE
Bérénice Quattoni - psychologue transculturelle
LIEUX, PEUPLES ET REVENDICATIONS

Où revendique-t-on ?
Comment sont vécus les lieux de révolte ?
Les fractures spatiales sont elles nécessaires aux structures sociales ?
Quelles empreintes peuvent subsister dans les lieux, supports de revendications ? En existe-t-il un avant et un après ?


« C’est idiot de vouloir changer le monde, mais c’est criminel de ne pas essayer »
 Sacha Guitry (1885-1957) Acteur, réalisateur - metteur en scène


       Observer pour se questionner, quoi de plus naturel, de plus primitif chez l’Homme ? Tout est matière à se renseigner, se positionner par rapport à ses semblables. Etre en accord ou en désaccord avec les siens, peut induire un rejet, une discussion, une réaction. Tous individus, hommes femmes et enfants confondus, ne sont pas identiques. Malgré notre espèce commune, les richesses de nos cultures – toutes plus incroyables les unes que les autres – nous divisent en terme d’égalité.

      Si nous ne sommes pas égaux, l'accès à une liberté choisie l'est encore moins. Les libertés sont constituées de limites plus ou moins définies, en fonction des territoires, des cultures que nous fréquentons et qui nous caractérisent.

          Paradoxalement, on s’aperçoit que chaque individu à la possibilité d’accepter ou de réfuter une idée – possibilité de faire son choix – mais que chacun n'a pas la liberté de s’exprimer, de revendiquer ou de contester ce qui pourrait sembler incompatible avec sa façon de vivre.

       C’est la raison pour laquelle l’association BAOBAB_BE a choisi de questionner, de partager autour d’un débat sur le rapport à l’espace (urbain, architectural, virtuel ... ) des différents mouvements de contestation. Cette démarche qui rassemble différents initiés, professionnels ou tout simplement citoyens autour d’une table commune, s’inscrit dans l’actualité, du Printemps Arabe au mouvement Les indignés.

-    Que revendique-t-on ?
Quels sont les différents types d’expression de la contestation ? Quelles situations spatiales particulières exercent-elles? Existe-t-il un lien entre le type de contestation et le type de lieu ?

-    Où revendique-t-on ?
Le choix du lieu importe-t-il ? Est-t-il symbolique avant la révolte ou le devient-il après ? Quelles sont les stratégies d’installations, de manifestations ? Géographiquement, ont-elles lieues dans le pays contestataire ou bien ailleurs ?


-    Quel est l’impact sur la ville de ces mouvements populaires ?
Quel devient le rapport du citadin à sa ville ? Comment sont vécus les lieux des révoltes ? Quelles transformations spatiales et urbaines cela implique t-il ? Quelles relations entretient l’individu à l’espace ainsi qu’à ses semblables?


      L’actualité internationale de ces deux dernières années a révélé la nécessité de nombreux changements sociaux. La fin de l'histoire n'est pas pour tout de suite. Les affrontements qui ont eu lieu dans les pays Arabes, le Québec, l’Espagne… ont marqué nos esprits au travers d’images fortes d’émeutes, de rassemblements, de contestations symbolisant des revendications et une explosion générale de liberté (s).

       Ils nous ont  également marqués du fait que ces revendications sont passées de mots et de pensées – des mouvements contestataires d’intellectuels – à des actions, des (r)évolutions. De l’organisation de débats, de diffusions de prises de libertés offertes par un espace virtuel (le Web), les lieux de révoltes se sont transformés en rue, boulevards, quartiers, villes, pays. Ainsi les espaces publics, aujourd’hui principaux lieux de transformation visibles (marché d’Alep en Syrie, place du 14 janvier à Tunis, place Tahrir au Caire…), ont pu retrouver le sens absolu qu’ils avaient acquis durant la période classique [1], bravant tous les principes de l’époque moderne qui a souvent conceptuellement réduit l'idée de ville à des espaces techniques et fonctionnels.

        Afin que l’émancipation de ces peuples ne reste pas figée dans les livres d’Histoire, il nous paraît important de poursuivre et de motiver le débat autour de ces questions de luttes pour la liberté et ses conséquences au sein du lieu commun qui n’est autre que l’espace urbain, lequel – suivant la définition des plans de Giambattista Nolli [2] – se déploie de l’espace public jusqu’à l’intérieur des bâtiments publics.


[1] L’Histoire Grecque nous enseigne que particulièrement au cours de la période classique, la place, espace public urbain a toujours été vécue comme le haut lieu de l’expression de la démocratie.
[2] Giambattista Nolli (1692-1756), Architecte et cartographe Italien rendu célèbre par le Plan de Nolli, description, à l’époque, la plus précise de la ville de Rome sous forme de gravures en 16 feuillés édités en 1748. La particularité de cette cartographie du plein et du vide de la cité romaine est dans son interprétation de l’espace public. En effet, Nolli poche en noir les blocs et habitations privées mais détail le plan intérieur des bâtiments publics, le blanc de l’espace du vide (la rue) se poursuit à l’intérieur des édifices publics indiquant clairement que leurs espaces, même intérieurs, deviennent à la disposition du public.