Démolir,
chacun en conviendra volontiers, n’est jamais une fin en soi. Recourir à cet
acte, violent dans beaucoup de ses aspects, nécessite a minima un diagnostic
sérieux, un projet et une méthode.
Le
diagnostic interroge lui-même plusieurs champs : le champ urbain par
l’analyse des fonctionnalités en jeu sur site et alentour, le champ technique
par l’évaluation des raisons et des alternatives à une démolition, par exemple
la présence de bétons caverneux, l’inadaptation structurelle de circulations
verticales, l’absence d’adaptabilité du bâti aux normes contemporaines
d’habitabilité, etc, et surtout le champ du social quand l’habitant lui-même…
ne veut plus y habiter ou ne peut accepter l’impact financier de mesures de
réhabilitation trop coûteuses. Ce travail doit être fait avec un minimum de
distance et un maximum de rigueur technique et intellectuelle !
Vient
ensuite le projet qui peut être de plusieurs natures : soit la tabula rasa
d’un quartier ou d’un îlot, c’est le concept de rénovation urbaine en faveur
dans les années 70, qui a conduit à détruire le quartier Mériadeck, par
exemple, soit un travail en finesse sur l’évolution « douce » du
quartier, ce que l’on appelle aujourd’hui le renouvellement urbain, phénomène
somme toute naturel dans la mesure où une ville peut et doit évoluer et
s’adapter sans cesse… C’est dans cette optique qu’ont été conduites les
opérations du GPV sur la rive droite bordelaise au cours de la dernière
décennie. On notera que cette approche implique une grande humilité et une
grande attention aux habitants qui vivent sur place et, pour beaucoup d’entre
eux… n’ont rien demandé !
C’est
pourquoi le processus sera conduit selon une méthode attentive et respectera
certaines étapes : s’il est nécessaire de poser les invariants du projet,
clairement, il est tout aussi nécessaire de proposer une certaine souplesse
d’adaptation. Le temps des grandes certitudes est révolu. Programmation et
nouvelle organisation spatiale seront scénarisées de manière ouverte avant
d’engager un dialogue qui s’attachera autant à entendre l’unité familiale que
le collectif dont la représentativité n’est pas toujours garantie. Ensuite et
surtout, puisque la perception du changement par les populations concernées est
éminemment chronosensible, il est indispensable de se doter d’outils
d’observation et d’accompagnement dans une temporalité qui dépassera celle du
chantier proprement dit.
Enfin il
faut toujours garder en tête qu’un professionnel seul ne peut rien : les
maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvre, les responsables politiques et
administratifs, les financeurs sont « condamnés » à travailler en
mode projet, ensembles, et selon un processus de responsabilité partagée et
assumée.
Etienne
Parin
Directeur du
GIP-GPV Rive Droite