vendredi 1 novembre 2013

CAUE 33 : La ruralité


Présentation brève des missions du CAUE:
Le C.A.U.E. (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement)est une association qui intervient gratuitement sur 4 volets : le conseil aux collectivités, le conseil aux particuliers, la formation des élus, techniciens des collectivités et professionnels du cadre de vie et enfin, la sensibilisation du grand public avec un volet spécifique « pédagogie jeune public » (en milieu scolaire).
 
La vision et l’appréhension du milieu rural au C.A.U.E.
La problématique du milieu rural se situe au cœur de l’action du C.A.U.E., les communes étant généralement dépourvues d’ingénierie en interne dans ces zones.
Quelle définition de la ruralité ? Notre approche veut dépasser les oppositions : la campagne n’est pas le négatif de la ville ni seulement une réserve foncière, elle est aussi et surtout un territoire de projet et de ressources. Nous préférerons la notion de « milieu » plutôt que l’opposition systématique « rural/urbain ». Enfin, nous constatons une grande mobilité dans ces territoires.
En Gironde, l’attractivité vers le rural présente deux facettes : l’une est positive, avec la recherche d’un cadre de vie par des urbains qui génèrent de nouveaux comportements (exigence de services et d’équipements). L’autre est négative puisque le choix de la ruralité est « subi », conséquence de la pression foncière sur la grande ville. Les communes témoignent alors d’une absorption non choisie de l’hémorragie de l’agglomération bordelaise. N’oublions pas que notre département prévoit un accueil de 15 000 habitants par an soit l’équivalent d’une ville comme Blanquefort.




Deux exemples de dynamiques rurales innovantes : zoom sur la démarche de projet
Deux communes du Sud Gironde ont choisi une démarche innovante :
·         Bernos Beaulac : 1 100 habitants projette un « écoquartier rural » sur une surface importante de 7 hectares, dont l’aménagement est prévu en plusieurs étapes bien évidemment.
·         Auros : 1 000 habitants, développe un nouveau quartier en cœur de bourg, dans une dent creuse sur 10 hectares, en plusieurs tranches là encore avec la possibilité d’adaptation du plan selon la progression d’implantation des constructions.
Plus que le résultat en termes de formes urbaines ou d’écriture d’un plan de quartier, c’est bien la démarche qui est intéressante à souligner, et ce, sur plusieurs aspects :
·         Tout d‘abord, ces deux communes font preuve d’un portage politique et d’une implication des élus très importants en termes de temps et d’engagement auprès des habitants. De plus, le foncier est communal dans les deux cas, ce qui donne une plus grande viabilité et maîtrise du projet. L’une des difficultés relatées par les élus est bien de faire aboutir un projet en gardant toute sa cohérence et son ambition initiales.
·         Une réelle concertation est mise en place avec un groupe de travail dénommé «comité des  riverains » comme à Auros. Les élus se confrontent régulièrement à leurs administrés.
·         Ensuite les programmes proposent une variété permettant de toucher plusieurs familles de candidats : à Bernos Beaulac, le projet prévoit une mixité intergénérationnelle et sociale avec une villa d’accueillants familiaux pour personnes âgées (maisonnées), de l’habitat coopératif, des logements locatifs pour accueillir jeunes, familles, retraités, « de la classe moyenne à très sociale » et enfin des lots à bâtir. De même, dans cette logique d’éventail, les tailles de parcelles proposées vont de 300 à 1 500 m².
·         Enfin, les programmes retenus prévoient un phasage avec une malléabilité possible dans les tranches ultérieures.

Le rôle du C.A.U.E. dans ces démarches consiste à accompagner les communes en amont dans la programmation, en élargissant le regard et apportant d’autres références. Il aide à décrypter, se nourrir, se poser des questions plus que de donner des réponses toutes faites. Il s’agit bien de permettre de construire les conditions d’une démarche de projet et de passer de la stratégie à l’action.

A noter le blog du CAUE41 « http://www. habiter la campagne au XXIème siècle.fr » :
Il présente un arbre interactif restituant le travail d’ateliers avec des habitants, des membres de deux conseils de développement et des élus locaux pour renouveler les représentations de la ruralité et travailler sur une question prospective simple : comment habiterons-nous demain les campagnes ? Il y est question de maison, services, mobilité, voisinage, pauvreté, diverses innovations attestées ou imaginées, etc…



Elodie Vouillon, architecte et urbaniste, directrice du CAUE